Un adieu
J'ai essayé à plusieurs reprises de poster un blog exprimant ma désolation. Une collègue et amie est morte le 10 juillet dans un accident de voiture. Je ne suis pas arrivé à formuler ce que je ressentais. Tout ce que j'écrivais me semblait banal ou carrément trivial. Alors que je voulais parler d'elle, de cet être plein de vie, élégant, rieur, dont la constante bonne humeur vous faisait oublier les épreuves qu'elle avait subie, j'avais l'impression que chaque texte, chaque phrase commencée, ramenait à moi, mes sentiments, ma peine, et je m'en sentais coupable, injuste, hors de propos.
Je me rends compte maintenant que les propos que l'on peut exprimer par rapport à la mort ne doivent contenir ni justice, ni justesse. Les morts sont morts, et quand on les regrette, c'est pour nous-même, pour le sentiment d'absence et d'abandon que leur disparition crée en nous. Confrontée depuis peu à ma propre mortalité, je m'aperçois que je pense à mon éventuelle disparition non pour moi-même, mais pour ceux que je laisserais si ma santé venait à se détériorer.
Nous formons donc un cercle de vie et de mort. Les morts sont morts, les vivants pensent aux morts dans les conséquences que leur absence a dans leur propre vie. Les vivants pensent à leur propre mort et aux conséquences que leur absence aura dans la vie des autres. Est-ce bien ainsi ? En tout cas, c'est la vie.
Ciao Clarisse.