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Deuxplusquatre
13 mai 2004

Mon tricylce rouge

Quand j'étais petite, quatre ou cinq ans par là, j'avais un tricycle rouge. Mon compagnon d'aventures. Un tricycle de bois, avec des roues d'acier et des pneus blancs. Je passais des heures dessus, à pédaler ou simplement assise, à écouter les bruits, à regarder autour de moi.
Notre lieu préféré, à mon tricycle et à moi, c'était la montée devant chez nous. Une longue, longue pente à 45 ° au moins, à vous donner l'envie de descendre à toute vitesse, et le courage de la regrimper ensuite, traînant son fier coursier derrière soi.
Nous habitions dans la gare de Baulers. D'un côté de la gare, notre cuisine, le salon et la salle à manger, au milieu, le bureau des employés du chemin de fer, de l'autre côté, la salle des pas perdus. Au premier étage, nos chambres. Passant devant la gare, une route qui mène jusqu'à Nivelles d'un côté (en sortant de la gare, à droite) et vers le centre de Baulers de l'autre. En face de la gare, cette pente, ma pente à moi, qui montait presque jusqu'au ciel.
Je la grimpais, tirant mon tricycle. C'était long à monter, mais quelle récompense ensuite. Arivée en haut, je grimpais sur mon tricycle, l'alignait sur la gare, qui me paraissait toute petite, là en bas, je donnais une petite poussée et.... lâchez tout, le tricycle d'un bel élan fonçait tout seul dans la descente, sa course se précipitant, jusqu'au moment où j'atteignais la grand route, la traversais à toute vitesse, droit sur le mur, frappais mon talon gauche sur le sol en tournant le guidon d'un coup sec au maximum, freinais des deux pieds, et laissais l'arrière de mon tricycle frotter le mur pour stopper la course. C'était exaltant!

La première fois que j'ai réalisé cet exploit, les employés du bureau se sont précipités dehors, croyant me retrouver en bouillie. Mais non, je riais, toute fière, et prête à remettre ça.

La deuxième fois, mon père m'attendait devant la gare. Quand j'ai arrêté mon tricycle, il m'a tancée d'importance. Est-ce que je me rendais compte du danger ? Traverser une grande route comme ça ? Et j'aurais pu cogner le mur ! Et les préposés, qui frôlaient l'accident cardiaque... J'étais au bord des larmes. On n'allait quand même pas m'interdire de descendre cette pente en tricycle ? Mais si ! Je rangeai mon tricycle ce soir-là en maugréant contre ces adultes qui s'arrangeaient toujours pour que les enfants ne puissent pas s'amuser.

Par la suite, je me suis montrée plus prudente ! Avant de grimper la pente, je vérifiais que mes parents et les employés étaient occupés. Comme ça, je pouvais agir tranquille.

Les employés m'ont repéré. Mais à la longue, ils se sont habitués. Quand ils me voyaient descendre avec le tricycle, ils disaient "Tiens, c'est la petite du chef qui arrive...". Ils me regardaient foncer vers eux, traverser la route, disparaître de leur champ de vision. Ils reprenaient leur travail quand ils entendaient le grincement que faisait le tricycle en frottant le mur.

Jusqu'au jour où... un bruit sourd, suivi de hurlements perçants, a fait sursauter tout le monde. "Mon Dieu, mon Dieu, c'est la petite...!" Tout le monde se précipite à la porte, pour trouver... mon petit frère gisant par terre, une énorme bosse sur le front. Il avait piqué MON tricycle, pour essayer de descendre MA pente à MA manière. Un voleur doublé d'un plagiaire ! C'était bien fait pour sa pomme, tiens.

Eh ben non, c'est moi qui ai été punie. Tout le monde (mes parents) a dit que c'était de ma faute, que je lui avais donné un mauvais exemple en faisant une chose si dangereuse, et le pauvre petit qui avait été blessé, et gnagnagna... Moi je maintiens : "Quand on ne sait pas, on ne fait pas !"

Adieu ma pente, mon tricycle, mes cascades...

Quelque temps plus tard, mes parents m'offraient des patins à roulettes...

Je n'ai pas retrouvé une photo de mon tricycle. L'image vient de  www.cantamarpublishing.com/ home.html

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